De la troisième vers la seconde, s’initier à la « question sur un corpus »

Pédagogie - 31 mai 2017 par Valérie Monfort

Alors qu’en fin d’année le travail en troisième est tourné vers l’achèvement du programme et la préparation des épreuves du Diplôme National du Brevet, on peut susciter l’intérêt des futurs lycéens en leur proposant quelques activités qui leur permettent de mieux aborder le travail au lycée.

On peut ainsi insister sur l’intérêt qu’offre le travail sur un corpus composé de deux ou trois textes littéraires et d’un document artistique en proposant une activité que l’on nommera « initiation à la question sur un corpus ».

En effet, le travail dans les classes de lycée, s’il privilégie l’analyse des textes littéraires considérés dans leur unité, met également l’accent sur le texte en tant qu’il est un élément d’un corpus qui devient un objet de réflexion à part entière. Cette approche du texte intervient en particulier dans deux exercices du baccalauréat qu’il peut être intéressant d’introduire pour les élèves de troisième. Ainsi, l’ensemble des filières du baccalauréat – qu’il soit général, technologique ou professionnel – propose aux lycéens une épreuve écrite de français qui les confronte à un corpus de textes. Pour le baccalauréat général et technologique, cette partie de l’épreuve s’intitule « question sur un corpus ». D’autre part, l’oral de l’EAF qui fait se succéder une explication de textes et un entretien évalue, dans cette seconde partie, la capacité d’un élève à établir des liens entre les textes littéraires – notamment ceux qui sont inscrits sur le « descriptif des textes et activités de la classe de première ». On voit donc que cette approche du texte par sa capacité à dialoguer avec d’autres est un axe d’étude fort au lycée.

Cette activité que l’on envisage comme une initiation à une spécificité du lycée peut également s’appuyer sur l’entraînement à l’une des parties de l’épreuve du DBN : « questionnaire portant sur le corpus de documents « Français-Arts » dont elle constituera un prolongement. En effet, au Brevet, le texte littéraire est désormais accompagné d’un document artistique – tableau, photographie, affiche…– et ce dispositif stimule la confrontation au sein de ce « mini corpus ».

La différence entre le travail à partir d’un groupement de textes et la question sur un corpus :

Au collège, la démarche n’est pas nouvelle. Le travail en séquences habitue les élèves à fréquenter des groupements de textes qui se prêtent au jeu de la lecture comparée. Ainsi lors de l’étape de la synthèse conclusive d’une séquence, les élèves ont l’habitude de réunir les textes étudiés et de rechercher une réponse à la problématique du cours ou de mettre à plat les connaissances acquises en réalisant un bilan de la séquence sous la forme d’un tableau. Par exemple, sur l’objet d’étude « se raconter, se représenter », on peut élaborer en fin de séquence un tableau récapitulatif dont les entrées seront « pronom personnel employé, temps relevés, vocabulaire du souvenir, époques de la vie convoquées… » afin de recenser les savoirs liés à cet objet d’étude.

Le manuel Passeurs de textes troisième invite les élèves à porter un regard synthétique sur les textes dans certaines questions « bilan ». Ainsi on peut signaler la question finale sur le texte de Marguerite Duras à la page 30 : « Qu’y a-t-il d’original dans cet autoportrait de Marguerite Duras par rapport aux autres autoportraits du groupement de textes ? ». C’est à cette même exigence que répondent les pages « ce que vous avez appris sur… » à la fin de chaque chapitre ainsi que le « texte en écho » qui vient enrichir le groupement proposé.

Toutefois, dans cette démarche de synthèse, le nombre de textes étudiés excède celui d’un corpus tel qu’il serait présenté au baccalauréat et on voit qu’il s’agit avant tout de dégager des connaissances que ces textes permettent d’acquérir et non de procéder à une analyse comparée des textes. S’initier à l’activité « question sur un corpus » en fin de troisième peut permettre de réorienter des pratiques déjà adoptées vers des attentes qui relèvent davantage du lycée.

Quelques activités :

Ainsi, un premier type de corpus pertinent en fin de troisième serait composé de deux textes littéraires et d’un document artistique. On conjuguera ainsi l’entraînement à l’analyse des œuvres iconographiques et l’initiation à la question sur un corpus. On commencera par demander aux élèves de présenter le corpus. La présentation du corpus, consigne simple mais nécessaire, leur permettra tout d’abord d’apprivoiser la « dimension » du corpus. On récapitulera les informations qu’ils doivent savoir donner sur chaque texte – titre, auteur, date et éventuellement le mouvement littéraire et culturel. Ils devront rédiger des phrases claires, dont la formulation sera variée.

On leur expliquera que la cohérence d’un corpus se fonde sur des principes qu’il leur faut découvrir. On travaillera dans deux directions. Tout d’abord, le repérage de la thématique commune aux documents permet de vérifier la compréhension du sens des textes. Face à un corpus, on leur proposera trois libellés de thématiques proches en leur demandant de choisir la formulation qui exprime avec le plus de précision le thème commun aux documents. Ensuite, on leur donnera le corpus avec la formulation très large d’une thématique et on leur demandera de reformuler cette dernière avec plus de précisions pour qu’elle convienne au corpus.

Ensuite, on dégagera un autre type de cohérence : les textes peuvent dialoguer parce qu’ils s’inscrivent dans des catégories littéraires communes. Ce sera l’occasion de rappeler, en fin d’apprentissage au collège, les catégories d’analyse sur lesquelles les élèves peuvent s’appuyer : les genres, les types de textes, les registres, les mouvements littéraires culturels. On pourra leur demander de constituer leur propre corpus ou de compléter un corpus proposé. Cette activité leur permettra de comprendre comment la signification d’un texte littéraire peut être modifiée par le rapprochement avec un autre qui apporte un éclairage nouveau.

Une dernière étape du travail, davantage tournée vers le lycée, consistera enfin à chercher à mettre au jour des procédés stylistiques communs aux textes du corpus. Cette démarche d’approfondissement se fera à l’échelle d’extraits très courts. La consigne de travail pourra être, par exemple sur un corpus dont le thème est le travail des enfants : « Par quels moyens les deux textes dénoncent-ils le sort qui est fait aux enfants ? Vous répondrez en comparant les textes et en analysant au moins un procédé commun. »

Ces quatre démarches peuvent être mises en œuvre en fin d’année de troisième pour que les élèves sentent qu’il existe une transition entre les activités du collège, les épreuves du brevet et les attentes de l’enseignement au lycée.

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