Comment fonctionne une classe sans notes ?

Testé en classe - 1 février 2017 par Alexandra de Montaigne

Pourquoi s’intéresser au dispositif de la classe sans notes ? Tout d’abord pour les enseignants qui souhaitent interroger leur pratique évaluative, ensuite pour ceux qui souhaitent harmoniser leur pratique d’évaluation avec un groupe de collègues, enfin pour ceux qui souhaitent rendre lisible et explicite leur dispositif d’évaluation…
En revanche, la classe sans notes n’intéressera pas ceux qui croient fermement que la note est une mesure exacte des acquis des élèves, ni ceux qui aspirent à poursuivre leur pratique évaluative individuellement et détachée d’un enseignement par compétences.
Alors, pour les plus téméraires ou ceux qui désirent satisfaire un brin de curiosité, voici un bref panorama de ce que peut être une classe sans notes, expérimentée depuis six ans en classe de 6e dans un REP+ de Saint-Denis.

 

Par Alexandra de Montaigne

 

 

Quels sont les objectifs d’une classe sans notes ?

La classe sans notes, composée d’élèves de profils différents, a été initialement pensée dans le cadre de la liaison école/collège afin d’accompagner les élèves du premier degré dans leur scolarité collégienne et de leur expliciter les attendus des différentes disciplines et des codes scolaires du second degré.

Elle a ensuite été pensée dans le but de renforcer le sens donné à l’acquisition des connaissances, disciplinaires notamment, en mobilisant les élèves pour réaliser des tâches complexes. Elle permet aussi de tisser des liens entre les compétences de disciplines différentes, voire entre les différents acteurs du collège.

 

À qui est destinée la classe sans notes ?

Outre la progressivité des apprentissages, la réalisation d’une classe sans notes permet d’appréhender l’acquisition des compétences dans une temporalité plus souple et plus personnalisée puisque les élèves peuvent revenir sur des compétences non acquises à la première évaluation.

L’enseignement dans une classe par compétences offre une plus grande lisibilité pour l’élève et une meilleure compréhension des difficultés d’acquisition pour les enseignants, permettant ainsi de proposer un traitement des erreurs plus adapté aux besoins des élèves.

D’aucuns penseraient qu’il s’agit là d’une classe réservée aux élèves fragiles, alors qu’elle s’adresse autant aux élèves en difficulté ou moyens qu’aux élèves performants qui comprennent mieux les raisons de leur réussite.

Mais à ce titre, elle doit faire l’objet d’une explicitation régulière avec les élèves comme avec les partenaires éducatifs afin que le bulletin ou le papillon de l’évaluation ne se transforme pas en un jargon pédagogique inaccessible pour les non-initiés… sous peine de renforcer les malentendus déjà créés avec des résultats chiffrés.

C’est pourquoi une classe sans notes ne repose pas que sur la suppression des notes et sa traduction en codage symbolique ou lettré (smiley, A, ECA ou NA), lequel n’est pas plus clair dans l’information attendue par l’élève sur ses acquis.

On préférera à ce titre des grilles d’évaluation par degrés d’acquisition.

 

Quels bénéfices observer ?

Après quelques années, on a remarqué dans la classe de 6e sans notes un bien meilleur climat. Ceci s’explique par l’absence de médiatisation de la note entre les élèves, entre les élèves et les équipes pédagogiques, entre les familles et l’école. Par ailleurs la classe sans notes engage à un travail collaboratif accru de l’équipe enseignante ainsi qu’à des démarches pédagogiques innovantes (démarches de projet et travaux de groupes entre autres) reposant sur des capacités et des attitudes également prises en compte dans l’évaluation des apprentissages de l’élève.

Cela favorise in fine le travail autonome de l’élève, qui connaît les critères d’évaluation (tant en tâche finale que lors du processus d’apprentissage).

Ainsi les élèves s’impliquent davantage dans le travail personnel, en classe comme en dehors de la classe, dans le travail collaboratif et surtout dans les évaluations qui ne sont plus considérées comme les pièges arbitraires d’un professeur traître et tyrannique…

 

 

Si nous devions résumer…

En somme, la classe sans notes pourrait être inefficace si…

– le bulletin renvoie à une kyrielle de micro-compétences, à quelques macro-compétences ou à des compétences incompréhensibles pour l’élève et sa famille ;

– l’on s’appuie sur des compétences décontextualisées que les élèves ne s’approprient pas en vue d’une autoévaluation à chaque moment des apprentissages (en cours, dans le travail personnel, le travail de groupe et lors des évaluations) ;

– le codage des résultats est une traduction des notes chiffrées qui n’explicitent pas les apprentissages ;

– les compétences ne font pas l’objet d’un travail en soi avec les élèves ;

– le bulletin ne fait pas l’objet d’une appropriation par l’élève au quotidien ;

– les enseignants ne se rencontrent pas pour harmoniser des compétences transdisciplinaires.

 

Pour être efficace, la classe sans notes doit s’appuyer sur un travail d’équipe en continu, sur une démarche par compétences explicite, identifiable dans une progression que l’élève peut suivre et s’approprier.

 

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