Valérie Monfort Nous avons ici pour objectif de présenter une activité de « questions sur un corpus » qui pourra être mise en œuvre à partir du manuel de troisième Passeurs de textes. Elle s’inscrit dans le travail sur un objet d’étude de troisième « Visions poétiques du monde ». Elle peut être conçue comme un temps de révisions sur le langage poétique ainsi qu’une préparation au questionnaire « Français-Arts » de l’épreuve du Brevet et comme une ouverture vers le travail en classe de seconde.
Questions sur un corpus autour du texte de Cendrars « une déclaration d’amour »
Extrait de La Prose du Transsibérien (1913) – Manuel de 3e Passeurs de textes, Chapitre 3, « Visions poétiques du monde », p. 146.
On présente aux élèves un corpus composé
- De l’extrait de Cendrars (manuel page 146)
- Du tableau de Picasso intitulé La muse (1935)
- Du poème d’Aragon « Les yeux d’Elsa » (1942)
On leur demande ensuite de réfléchir aux consignes suivantes qui reprennent les démarches décrites dans la première partie de l’article « vers la classe de seconde : travail sur un corpus ».
1. Présenter le corpus. Pour commencer, présentez le corpus composé de ces deux textes et de ce tableau en indiquant leur auteur, leur date de composition, et leur titre. Vous rédigerez trois phrases en veillant à la correction de la syntaxe et à la variété des formulations.
2. Confronter des formulations pour exprimer la cohérence de ce corpus. Dites pour chacune des formulations si elle convient pour désigner le point de cohérence de ce corpus :
- Éloge de la femme aimée ;
- Renouvellement des formes d’expression dans la première moitié du XXe siècle ;
- Liens entre l’amour et la création poétique.
Éléments de réponse : les deux premières formulations ne conviennent pas pour l’ensemble du corpus. La première ne s’impose pas de façon immédiate pour désigner le tableau car on n’y voit pas d’éloge envers la femme aimée. Quant au poème de Cendrars, il dresse un éloge paradoxal de Jeanne. La deuxième fonctionne pour le tableau cubiste et le poème non ponctué d’Aragon, mais les élèves ne manqueront pas de remarquer – et le questionnement dans le manuel les conduit à le faire – que le poème de Cendrars s’inscrit dans une tradition thématique et formelle. La dernière formulation pourrait s’appliquer à l’ensemble des documents du corpus mais elle manque de précision – quelle est la nature de ces liens ?
3. Gagner en précision
Réécrivez cette thématique de façon à la rendre plus précise pour qu’elle convienne davantage au corpus : « L’inspiration du poète ».
Éléments de réponse : Les trois textes et documents réfléchissent sur le processus de création artistique et s’interrogent sur la médiation que peut assurer la femme aimée. « La femme aimée, muse de l’artiste » semble être une formulation pertinente.
4. Analyser des procédés pour comparer les textes
- Quel procédé commun aux deux textes leur permet de montrer que la femme est une source d’inspiration ?
Piste de réponse : la métaphore des yeux vus comme une source d’inspiration.
- Sur quel type de lexique s’appuie l’évocation de la muse, que nous dit-il sur le rapport entre le poète et celle qu’il aime ?
Piste de réponse : vocabulaire péjoratif pour Cendrars et valorisant pour Aragon, cette différence dans le lexique traduit l’ambivalence face à la muse dans le poème de Cendrars et l’adoration totale que lui voue Aragon.
5. Construire un corpus et formuler l’axe de cohérence du corpus
On constituera trois groupes de travail dans la classe. Chacun répondra à une consigne de travail personnel différente.
- Groupe 1 : Choisissez un texte parmi ceux proposés dans le chapitre « Visions poétiques du monde » et constituez un corpus en recherchant un autre texte littéraire et un document iconographique. Donnez un titre à ce corpus.
Par exemple : Donner à ressentir la marche du train. L’extrait 3 de La Prose du Transsibérien (p. 148 du manuel), Verlaine, « Charleroi », in Romances sans paroles, 1887), Monet, La Gare Saint-Lazare, 1870.
- Groupe 2 : Choisissez parmi les documents iconographiques proposés dans le chapitre « Visions poétiques du monde » une image et constituez un corpus en recherchant deux textes littéraires pour l’accompagner. Donnez un titre à ce corpus.
Par exemple : Hommages à la Tour Eiffel, la reproduction de la toile de Robert Delaunay Tour Eiffel, 1926, Carème, « La Tour Eiffel », in Le mât de cocagne, 1963 et Guillaume Apollinaire, « La Tour Eiffel », in Calligrammes, 1918.
- Groupe 3 : En guise de transition vers l’objet d’étude « Se raconter, se représenter », constituez un corpus cohérent en réunissant des textes et documents iconographiques que vous puiserez dans le manuel. Donnez-lui un titre.
Par exemple : L’adolescent face à son image, George Sand, Histoire de ma vie, 1847 (p. 24) ; Marjane Satrapi, Persépolis, 2000-2003 (p. 32) ; Marguerite Duras, L’Amant, 1984 (p. 30).