À la suite des deux premiers articles parus sur les mots de la réforme, nous poursuivons notre analyse avec deux nouveaux mots : <<culture>> et <<mémorisation>>.
AP – Attendus – Autonomie – Compétences – Compréhension – Culture – Cycles – EPI – Entrées – Interactions – Littératures – Mémorisation – Normes – Oral – Orthographe – Parcours – Posture – Progressivité – Projet – Thématiques
Par Alexandre Winkler, de l’académie de Grenoble
CULTURE
Permettre aux élèves d’acquérir une culture qui nourrisse leur sens critique et leur sensibilité, une culture qui leur permette d’avoir avoir accès aux grandes œuvres, sont des préoccupations qui restent au cœur des nouveaux programmes. La découverte des textes et des auteurs majeurs est donc toujours de mise dans un cadre plus souple, laissant à l’enseignant une liberté accrue dans la mise en place de sa progression ou le choix de son contenu. Surtout, ce volet culturel, humaniste et littéraire, est amené à s’enrichir plus systématiquement des apports des autres langages artistiques, à savoir : arts visuels (peinture, cinéma), plastiques (sculptures, installations), sans oublier évidemment les œuvres musicales. Il s’agit, en somme, de faire fructifier les acquis de l’Histoire des arts, dont l’intégration profonde aux pratiques du cours de français est un indice du succès.
Toutefois, s’il faut distinguer une nouveauté, elle réside dans l’appui que la culture doit aussi constituer pour deux types de stratégies pédagogiques très précises :
– La première est orientée vers le développement des compétences qui, au début du texte programmatique, sont mises singulièrement en exergue : comprendre et s’exprimer à l’oral, lire, écrire, et comprendre le fonctionnement de la langue. Une visite de musée, par exemple, doit également être le point de départ d’activités permettant de développer, chez l’élève, ces différentes qualités, tout en sollicitant son sens critique. Leur degré d’acquisition est amené à être pris en compte par le futur livret scolaire.
– La seconde stratégie dont la culture est partie prenante concerne les parcours, lesquels englobent et dépassent l’horizon du cours de français. Mettre en perspective culture littéraire et picturale, par exemple, — comme l’Histoire des arts invite déjà à le faire — est un moyen d’alimenter le parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC), lequel a pour vocation de mettre en lumière la continuité et la cohérence des découvertes, rencontres et pratiques, muséales ou non — sachant que, par-delà cet objectif, il s’agit aussi de développer chez les élèves cette autre compétence, jamais citée : la réceptivité, face à la diversité des langages artistiques. Enfin, on peut imaginer que le parcours citoyen puisse tirer profit des enseignements humanistes que chaque niveau et chaque entrée permet d’appréhender, avec un degré croissant de profondeur. Le questionnement anthropologique auquel invitent les « entrées » du « corpus littéraire et artistique » permet déjà d’œuvrer dans cette direction.
MÉMORISATION
Les exercices de mémorisation trouvent leur place dans le nouveau programme, dès lors qu’ils permettent d’affermir des compétences et de fixer des connaissances. En d’autres termes, il ne s’agit pas de se demander si un effort de ce type est « licite » ou non — et il l’est —, mais plutôt de s’interroger sur ses applications et sa pertinence pédagogique. Dans cet esprit, quelques pistes peuvent, entre autres, être proposées.
– Apprendre un texte par cœur peut être le moyen de le « mettre en voix », c’est-à-dire de se l’approprier, dans la perspective d’une performance orale — cette dernière allant dans le sens des compétences liées au savoir-être et à la maîtrise de soi ;
– L’apprentissage de la grammaire mettant l’accent sur le caractère systémique de la langue, mémoriser des segments de texte est un moyen de fournir des exemples sur lesquels calquer des exercices de manipulation écrite. Le même effort peut s’appliquer à la conjugaison et au lexique ;
– Développer l’autonomie des élèves, y compris dans leurs choix de lectures permet d’imaginer la composition d’anthologies personnelles de textes, longs ou courts, appris par cœur. Cette activité rejoignant, en définitive, la première citée dans cette brève liste.
Rien n’empêche non plus d’imaginer que des exercices de ce type puissent s’appuyer sur ces captations sonores auxquelles le programme fait référence. Quoi qu’il en soit, on peut espérer que le travail sur la mémorisation, envisagé comme une activité régulière, permette de développer chez les élèves ces facultés de concentration, qui doivent nécessairement accompagner le processus d’apprentissage.