Façons d’aborder un texte poétique

Littérature au collège, Testé en classe - 4 octobre 2017 par Maxime Durisotti

Afin de varier l’abord d’un texte, il peut être intéressant de proposer aux élèves de le reconstruire. Un texte poétique se prête bien à ce genre d’exercice, puisqu’il demande aux élèves de savoir mobiliser des connaissances techniques (vocabulaire de la poésie, identification de temps verbaux, de catégories grammaticales) et des compétences de lecteur. Aussi, nous avons proposé à des élèves de 4e de recomposer un poème de Victor Hugo (« Le soleil s’est couché… » extrait des Feuilles d’automne) en suivant quelques instructions. Les élèves travaillaient par groupe de trois. Le poème a été distribué sous forme de bandelettes prédécoupées et les élèves ont reçu une fiche d’instructions :

  • Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
  • Et la face des eaux, et le front des montagnes,
  • Je m’en irai bientôt, au milieu de la fête,
  • Le soleil s’est couché ce soir dans les nuées.
  • Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
  • Prendra sans cesse aux monts le flot qu’il donne aux mers.
  • Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
  • Sur les fleuves d’argent, sur les forêts où roule
  • Puis l’aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
  • Demain viendra l’orage, et le soir, et la nuit ;
  • Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
  • Sans que rien manque au monde, immense et radieux !
  • S’iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
  • Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s’enfuit !
  • Sur la face des mers, sur la face des monts,
  • Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
  1. Le poème est composé de quatre quatrains.
  2. Dans chaque quatrain, les rimes sont croisées.
  3. Dans la première phrase du poème, le poète évoque ce qui s’est passé « ce soir » ; dans la deuxième phrase, il imagine ce qui se passera « demain ».
  4. Le poète ne parle de lui que dans le dernier quatrain.
  5. Les vers 4 et 7 se terminent par un verbe conjugué au présent de l’indicatif.
  6. Le vers 12 commence par un verbe conjugué au futur de l’indicatif ; son sujet est « le fleuve des campagnes. »
  7. La même préposition se lit quatre fois dans les vers 6 et 7.

 

Les élèves avaient pour défi de reconstituer un texte qui ait du sens… ce qui ne va pas toujours de soi pour eux ! Les élèves ont généralement sous-estimé l’indication des rimes croisées, qui permettait presque à elle seule de reconstituer le poème, et surtout de compléter les quatrains une fois qu’on en avait une partie. Les termes grammaticaux (phrase, préposition, sujet) devaient être maîtrisés pour comprendre certaines instructions. Enfin, les élèves ont apprécié de manipuler les bandelettes de papier !

Un exercice similaire a été proposé au début d’une séquence sur Roméo et Juliette. Nous avons proposé aux élèves de reconstituer le texte français du prologue en observant le texte original de Shakespeare. La traduction d’Yves Bonnefoy (Folio) se prête bien à l’exercice ; les vers de son sonnet étaient distribués sous forme de bandelettes prédécoupées, et le texte anglais sur un document qui permettait de placer librement les bandelettes à côté, afin de les coller quand l’ordre trouvé avait été validé par le professeur.

Two households, both alike in dignity,
In fair Verona, where we lay our scene,
From ancient grudge break to new mutiny,
Where civil blood makes civil hands unclean.


From forth the fatal loins of these two foes
A pair of star-cross’d lovers take their life;
Whose misadventured piteous overthrows
Do with their death bury their parents’ strife.


The fearful passage of their death-mark’d love,
And the continuance of their parents’ rage,
Which, but their children’s end, nought could remove,
Is now the two hours’ traffic of our stage;


The which if you with patient ears attend,
What here shall miss, our toil shall strive to mend.

  • Vont deux heures durant occuper ce théâtre,
  • Et si vous consentez à un peu de patience,
  • Sont nés deux amoureux que détestent les astres,
  • Et de leur propre sang les citoyens se souillent.
  • Que rien n’apaisera qu’un couple d’enfants morts,
  • Et leur grande infortune ensevelit enfin
  • Et l’opiniâtreté des fureurs de leurs pères
  • Dans la belle Vérone où nous plaçons la scène,
  • L’inquiet devenir de leur funeste amour
  • Avec leurs pauvres corps les haines familiales.
  • Mais du sperme fatal des princes ennemis
  • Deux illustres maisons, d’égale dignité
  • Nos efforts suppléeront à notre insuffisance.
  • Enflamment à nouveau leur antique querelle,

 

 

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