Étude d’un film : Les Quatre Cents Coups de François Truffaut (plan de séquence, 3e)

Arts et Culture, Littérature au collège - 15 novembre 2017 par Maxime Durisotti

Déroulé d’une séquence sur Les Quatre Cents Coups de François Truffaut, faisant suite à une séquence sur des souvenirs d’enfance en 3e.

 

L’enfance aura été rarement traitée avec aussi peu de complaisance que dans ce film, où elle se trouve débarrassée de tous les clichés qui l’accompagnent traditionnellement. Les enfants n’ont rien de mignon, ils sont seuls et se débrouillent comme ils peuvent dans un monde où les adultes ont autre chose à faire. Le film de Truffaut remporte souvent un franc succès auprès des élèves, peut-être justement parce qu’il est d’une grande sincérité.

Mais cette séquence procède tout autant d’une volonté de sensibiliser les élèves au langage cinématographique. Habitués à l’image mobile, les élèves sont souvent dupes de l’illusion cinématographique et oublient qu’un film, c’est toujours une construction audiovisuelle. Il semble opportun de leur rappeler qu’une séquence procède d’une multitude de choix techniques et illustre une volonté artistique. Le cinéma ne doit pas être un matériau illustratif.

 

  • Séance 1 – Recherches préparatoires (salle informatique ou tablettes)
  1. Qui est François Truffaut ?
  2. Qu’est-ce que la Nouvelle Vague ?
  3. Complétez cette phrase de Truffaut : « L’enfance ne laisse de bons souvenirs… » (La suite est : « … qu’aux adultes ayant mauvaise mémoire. »)
  4. Qu’est-ce que cette phrase nous laisse imaginer ?

 

  • Séance 2 – Comment se fait un film ?

Observation des caractéristiques d’un scénario, suivie d’un exercice : rédiger un scénario d’après une planche de bande dessinée.

Observation d’un document préparatoire de Truffaut, caractérisant le personnage d’Antoine. Il est notamment écrit qu’il est « précocement pédant », qu’il « devient vite saoulant » et qu’avec sa mère il est souvent « maladroitement servile et flatteur ».

(Le document est notamment reproduit dans le catalogue de l’exposition François Truffaut, Flammarion & La Cinémathèque Française, 2014, p. 61.)

 

  • Séance 3 – Projection du film en classe

Projection suivie, entre autres, d’une discussion autour du document préparatoire : le personnage du film se montre-t-il tel que Truffaut l’avait imaginé ?

Il semble que non : à l’écran, Antoine se montre plus taciturne et moins présomptueux que ne l’avait imaginé Truffaut.

 

  • Séance 4 – Éléments d’analyse filmique

Éléments de vocabulaire : le plan, la séquence ; les types de plan ; les mouvements de caméra ; plongée et contreplongée ; les types de son (dialogues, bruitages, musique, voix over).

Exercice : analyse précise de la séquence où Antoine est enfermé dans une cellule du poste de police, pour répondre à la problématique suivante : comment le réalisateur fait-il naître de l’émotion chez le spectateur ?

Un bilan écrit de l’analyse de séquence est demandé. On fera remarquer aux élèves qu’ils doivent mobiliser exactement les mêmes ressources et employer la même méthode pour analyser une image et un texte.

 

  • Séance 5 – L’école au cinéma

Comparaison de trois extraits, pour répondre à la problématique suivante : quelle image de l’enseignant est donnée dans ces trois extraits ?

– Extrait n° 1 : au début des Quatre Cents Coups, après la récréation, l’écriture de la récitation et le chahut des élèves dans le dos du professeur. On analyse notamment la position de la caméra : au plus près de l’élève qui ruine son cahier, ou au fond de la classe pour nous rendre complices des élèves qui chahutent.

– Extrait n° 2 : la partie d’Amarcord, de Fellini, consacrée aux souvenirs d’école. On analyse notamment la galerie d’enseignants caricaturaux et la mise en scène de l’ennui scolaire.

– Extrait n °3 : la séquence d’Entre les murs, de Laurent Cantet, où la discussion part de la justification de l’imparfait du subjonctif pour aboutir à la prétendue homosexualité du professeur. On analyse notamment l’évolution de l’échange verbal, et le choix des plans : les élèves sont filmés à leur hauteur, avec une focale courte, la caméra nous plonge au cœur de la mêlée, tandis que le professeur est filmé en hauteur, de loin, avec une focale plus longue, il est isolé. Les mains levées permettent de se rendre compte de la distance qui sépare le professeur de la caméra qui le filme.

 

  • Séance 6 – Paris, miroir de l’enfance

La classe est divisée en quatre groupes. Chaque groupe fait l’analyse d’une séquence pour répondre à la problématique suivante : quelle image de Paris se dégage du film ?

– Le générique. Plans en contreplongée, filmés comme depuis une voiture qui parcourrait les rues de Paris : le film commence par évoquer la fascination d’un enfant. La tour Eiffel est le point commun de tous les plans ; la musique nous fait connaître le thème qui reviendra sans cesse. À la fin du générique, on ne tourne plus autour de la tour Eiffel, mais on s’en éloigne : préfiguration de la séquence d’adieux à Paris, lorsqu’Antoine est emmené dans un fourgon de police.

 L’école buissonnière. C’est en partie un montage en parallèle avec l’air de flûte, puis la musique du café. On expliquera la valeur allégorique de la centrifugeuse, dont le mouvement rotatif rappelle celui de la bobine. Antoine, plaqué sur les parois qui tournent, figure la condition du personnage de cinéma. On expliquera le concept de mise en abyme.

– L’errance, la nuit. Antoine est rejeté par les adultes (Jean-Claude Brialy le fait fuir pour pouvoir suivre Jeanne Moreau : les plaisirs de la séduction ne sont pas encore de son âge) et loin de toute famille (les cafés sont vides, car c’est la période de Noël, fête familiale). Mais Paris est une figure de substitution maternelle : Antoine vole le lait et boit avidement, et l’eau qui traîne dans les fontaines lui permet de faire une toilette rapide.

– Les adieux (le fourgon de police). En caméra subjective, on voit ce que voit Antoine depuis le fourgon, comme l’indique l’alternance de plans sur le visage ruisselant de larmes d’Antoine et des rues à travers les barreaux. Truffaut filme de nuit pour souligner le caractère attrayant de la Ville lumière. On peut même lire une inscription vantant : « Les nus les plus osés du monde ». Ce sont ces promesses exaltantes dont Antoine est privé. Cette séquence avait notamment été préparée par le générique.

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