Nos jeunes élèves ne chantonnent pas les tubes du folk-singer américain, dont ils ignoraient peut-être jusqu’à l’existence avant l’annonce de la prestigieuse récompense qui l’a distingué et promu au rang de « classique contemporain », au même titre que Camus, Sartre, Le Clézio ou Modiano, pour ne citer que des auteurs français qu’ils peuvent connaître. Car s’il a écrit un roman (Tarentula, 1966) et un premier volume de mémoires (Chronicles I, 2005), Bob Dylan est principalement connu comme auteur-compositeur de chansons, et c’est à ce titre-là qu’il a été élu par l’Académie suédoise. Voilà en effet de quoi éveiller l’intérêt : attribuer le Nobel de littérature à une icône folk, rock et pop ? Et la chanson, fût-elle à textes, est-elle de la poésie ?
Par Marie-Hélène Dumaître
La polémique qu’a suscitée l’attribution du prix Nobel de littérature à Bob Dylan illustre la permanence du débat sur les frontières de la littérature. L’affaire n’est pas « classée », et le professeur peut tirer parti du « cas Dylan », notamment lorsqu’il étudiera, en troisième, la poésie. Dylan n’est plus l’idole des jeunes générations, certes, mais il s’agit là d’un avantage : on pourra sans remuer de trop fortes passions clarifier les termes du débat et dégager de l’exemple sa valeur générale. À partir de quoi, chacun pourra se forger sa propre opinion.
Les temps changent-ils ?
Qu’ils s’en scandalisent – « C’est la littérature qu’on assassine !», « Coup dur pour la littérature » –, ou s’en réjouissent – « Dylan, c’est Shakespeare avec une guitare Fender », les commentateurs et éditorialistes se rejoignent pour souligner la surprise qu’a créée ce prix, en jouant souvent de l’allusion à de célèbres chansons de Dylan : par exemple « Les temps changent » (« The Times They Are a- changin’ ») ou « Just like a Nobel » (« Just like a Woman », ou bien « Like a Rolling Stone »).
Mais au-delà du simple détournement, les formules employées dans les articles et réactions révèlent les catégories implicites sur lesquelles se fonde le jugement de valeur porté à la fois sur Dylan, et sur le prix Nobel en général. « Nobel et rebelle » ou « Nobel Rock » ne peuvent être perçus comme oxymoriques que si l’on considère que le Nobel s’inscrit dans une tradition privilégiant des canons classiques, voire académiques au sens péjoratif du terme, relevant d’une culture élitiste, tandis que Dylan incarnerait cette « rebellion » de la modernité et d’une culture populaire contre le passé et contre toute tradition, idée que véhicule également le terme « rock ». Autrement dit, l’honneur fait à Dylan réactive les oppositions bien connues entre basse et haute culture, art mineur et art majeur, œuvre populaire ou élitiste, modernité et tradition, soit pour regretter d’en voir s’effacer les frontières, soit au contraire pour s’en féliciter : « est-ce le rock qui se nobélise ou le Nobel qui s’encanaille ? » s’interroge ainsi l’éditorial des Inrocks.
À recenser les réactions suscitées par le choix de l’Académie suédoise, les oppositions précédentes se cristallisent sur trois points principaux :
- Un auteur de chansons peut-il être considéré comme un poète, et donc faire partie de la littérature ?
- Les chansons de Dylan en particulier peuvent-elles être considérées comme de la poésie ?
- Le jury suédois a-t-il galvaudé la valeur de sa récompense, et s’est-il discrédité en discréditant la littérature ?
Nous aborderons ces trois questions, avec l’ambition limitée de procéder à une sorte d’état des lieux. En dégageant les arguments invoqués par les uns et les autres, nous espérons fournir quelques pistes exploitables en cours de français.
Un auteur de chansons peut-il être considéré comme un poète ?
Beaucoup critiquent moins la qualité des chansons de Dylan que le fait d’avoir attribué un prix littéraire à un musicien. C’est considérer que dans la chanson, la musique prime sur les paroles : prima la musica… Mais les musiciens auraient beau jeu de renvoyer la balle dans l’autre camp, en avançant que dans la chanson que l’on dit « à textes », la musique est au service de la parole. L’argument est donc une façon de botter en touche, et masque sans doute l’idée que la chanson, art mixte, est de ce fait un art mineur, qui ne saurait exceller dans aucun des deux domaines : celui des sons et celui des mots. On peut en tout cas s’interroger sur la définition de la littérature qu’elle implique, qui en fait un art exclusivement écrit, rejetant ainsi toute tradition orale dans une sous-littérature. Que faire alors des aèdes, bardes, troubadours et autres trouvères, griots ou conteurs ?
Le jury suédois entend manifestement élargir le champ de la littérature à la chanson à textes et Sara Danius, actuelle secrétaire perpétuelle de l’Académie suédoise, en invoquant l’autorité de la tradition, objecte tant à la limitation de la littérature à l’œuvre écrite qu’à l’étanchéité des domaines artistiques : « Bob Dylan écrit une poésie pour l’oreille, qui doit être déclamée. Si l’on pense aux Grecs anciens, à Sappho, à Homère, ils évoquaient aussi de la poésie à dire, de préférence avec des instruments. » Des écrivains comme Salman Rushdie ou Alain Mabanckou reprennent le même genre d’argument : « D’Orphée à Faiz, chanson et poésie ont toujours été intimement liées. Dylan est le brillant héritier de la tradition des bardes », déclare l’un, tandis que l’autre se félicite que « la littérature soit aussi reconnue dans la Parole, au sens poétique du terme ». Gaël Faye, dont le roman, Petit Pays, a été couronné du Goncourt des lycéens, se réjouit que grâce à cette récompense « l’art de la poésie parlée existe à part entière ». L’académicien français Marc Lambron, quant à lui, juge que la musique est « un plus », et qu’elle est le véhicule avantageux d’une poésie qui se situe « dans la tradition récitée ».
Pistes de travail :
- les épithètes attribuées à Dylan fournissent un point d’accroche pour esquisser une petite histoire du genre poétique, et ses liens avec la musique et la chanson : barde, troubadour, trouvère, ménestrel, jongleur…
- la question des liens entre chanson et poésie peut être associée à un travail consacré à la poésie lyrique, dans le programme de 4e, en utilisant notamment la page d’Histoire littéraire qui lui est consacrée dans le manuel.
- le chapitre du manuel de 3e consacré aux « Visions poétiques du monde » apporte des arguments à la réflexion en proposant, en complément du parcours dans La Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars, l’extrait d’une interview de Bernard Lavilliers. Dans celle-ci, le chanteur paraît d’ailleurs anticiper les principaux arguments invoqués en faveur de l’élection de Dylan ; il y affirme en effet la parenté entre « le poète et le chanteur, et ce depuis les troubadours ». À la fois « Vulcain et Orphée », maniant la « forge et la lyre », ils « ont en commun l’amour de la beauté rythmique, des mots et de la liberté ». « Leur leçon est : « Retiens le poème qu’on te dit ! » Et qu’on te chante… » (p. 153). Il pourra être judicieux de compléter ces déclarations du chanteur par celles de Sara Danius.
- enfin les poèmes présents dans le manuel de 3e (Hugo et Cendrars en particulier) offrent l’opportunité de rendre sensible l’ambition, clairement affichée au XIXe, de faire rivaliser la poésie avec la musique, prise comme référent absolu pour l’art poétique (« De la musique avant toute chose »!).
Dylan est-il un poète ?
La popularité des chansons de Bob Dylan contribue à forger l’impression, dans tout le monde non anglophone, qu’un auteur de ritournelles a été injustement récompensé : qui n’a fredonné ses chansons sans en comprendre totalement le sens, ni même s’intéresser vraiment aux paroles ? Cette familiarité induit un biais dans notre jugement, tandis que nous faisions confiance au jury du Nobel pour bien d’autres poètes ou écrivains inconnus du grand public, notamment en raison de leur langue d’écriture : par exemple Tomas Tranströmer, poète suédois prix Nobel 2011. C’est ce que rappelle l’écrivain et traducteur Tim Parks dans un excellent article publié dans The New York Review of Books (1). En outre, poursuit-il, les traductions des chansons de Dylan, quand elles existent, ne rendent pas justice à l’original. Tout d’abord parce que par nature, la poésie est intimement liée à une culture et une langue dont on joue des divers usages, induisant par des écarts subtils divers effets de sens, convoquant par le choix des mots certaines réminiscences littéraires, historiques ou culturelles qui enrichissent l’énoncé de tout un au-delà : toutes choses, on le sait, difficilement transposables dans une autre langue. Mais aussi parce que, considérées comme de simples chansons, elles font rarement l’objet d’un véritable travail de traducteur, et qu’on cherche d’abord à adapter leur traduction au rythme de la musique.
Qu’en pensent alors les anglophones ?
La polémique est aussi féroce outre-atlantique qu’ici. On sait que le président Obama s’est empressé de congratuler Dylan d’un tweet enthousiaste (« Félicitations à l’un de mes poètes préférés, Bob Dylan, pour ce Nobel tout à fait mérité »), mais évidemment cette appréciation peut être soupçonnée d’intentions politiques, et quoique lecteur averti, le président américain ne fait pas forcément autorité en matière littéraire. Or certains écrivains – parmi lesquels Norman Mailer et Irvine Welsh – et journalistes anglo-saxons dénient toute dimension littéraire aux textes de Dylan – un folk-singer même excellent n’est pas un auteur de littérature –, ou, s’ils lui en accordent, la jugent moindre. Force est de reconnaître toutefois que leur jugement est entaché d’un mépris de parti pris qui n’éclaire guère le non-anglophone qui souhaiterait se faire son opinion. Pour d’autres en revanche, et ils semblent nombreux, Dylan est un poète à part entière ; ils estiment, comme Sara Danius, la secrétaire perpétuelle du Nobel, qu’ « on peut le lire et (qu’) il devrait être lu ». Au demeurant, Dylan bénéficie déjà d’une reconnaissance universitaire (ses œuvres sont étudiées dans les départements d’anglais de diverses universités, et font l’objet de thèses) et le jury du prestigieux prix Pulitzer lui a décerné une mention spéciale en 2008, « pour son profond impact sur la musique populaire et la culture américaine, à travers des compositions lyriques au pouvoir extraordinaire ».
Plus nuancée est la position de Tim Parks. Tout en faisant l’éloge de la finesse d’écriture de Dylan, il souligne que c’est la performance qui parachève leur signification et introduit une forme d’ironie sophistiquée autrement imperceptible. On voit alors que l’on en revient peu ou prou à la première question : peut-on récompenser comme littérature écrite une œuvre destinée avant tout à la performance orale et vivante ? Mais alors, faudrait-il a priori exclure du Nobel tous les dramaturges ?
Pour finir sur ce point, nous rappellerons les arguments par lesquels Sara Danius a motivé la décision du jury : Dylan a été distingué « pour avoir créé, dans le cadre de la grande tradition de la chanson américaine, de nouveaux modes d’expression poétique » ; « il s’inscrit dans une longue tradition qui remonte à William Blake » ; « il est extrêmement doué pour la rime », « il écrit une poésie pour l’oreille » ; « c’est un sampleur littéraire qui convoque la grande tradition et peut marier de façon absolument novatrice des musiques de genres différents, des textes de genres différents ». On remarque sans surprise que ce jugement s’appuie sur des catégories fréquemment utilisées pour évaluer la qualité d’une œuvre : l’inscription dans une tradition et le renouvellement apporté. Mais on soulignera aussi que l’accent est mis sur l’alliance que réussirait Dylan entre la culture populaire (le folk) et la culture savante (la poésie écrite), donnant ainsi à « la tradition de la chanson américaine » ses lettres de noblesse puisqu’il la fait accéder au rang de poésie. De fait, les spécialistes de Dylan s’accordent à dire que ses chansons ne se cantonnent pas au « protest song » et sont nourries, autant que de son admiration pour Woody Guthrie, de ses nombreuses lectures. Les influences les plus citées sont, outre la Bible, celles de Shakespeare, Blake et Yeats, mais aussi Rimbaud, la poésie symboliste et surréaliste, et, plus près de nous Allan Ginsberg. On voit que l’éventail est large, et que le chanteur se distingue en tout cas par ses bonnes lectures !
Piste de travail :
- En 3e: consacrer un projet, conjointement avec le professeur d’anglais et le professeur de musique à une des chansons de Dylan. Certes, sauf à être fin angliciste, on ne saurait se prononcer sur la valeur poétique des textes de Dylan, et encore moins demander aux élèves de le faire. En outre, certaines chansons sont particulièrement difficiles et obscures. En revanche, il est possible, en choisissant parmi les plus simples, par exemple Blowin’ in the wind, de faire percevoir les difficultés que pose la traduction d’une chanson : respect du sens, recherche d’équivalents pour rendre compte du style, contrainte du rythme musical à respecter. Ce projet conduit donc les élèves à écrire en tenant compte de multiples contraintes.
Le Nobel est-il discrédité ?
Beaucoup jugent que le jury du Nobel a cédé à un snobisme anti-élitiste, et qu’il a négligé au profit de Dylan de vrais écrivains, comme Philip Roth ou Joyce Carol Oates, pour ne citer que des auteurs américains. D’autres regrettent qu’il ait manqué du courage nécessaire pour couronner le poète syrien Adonis… Mais ce n’est pas la première fois que l’attribution du Nobel de littérature suscite des critiques : trop européocentré, trop ou pas assez politique, trop à gauche ou trop à droite, trop élitiste, ou au contraire, comme aujourd’hui, démagogique…
Il me semble que le « cas Dylan » offre également l’opportunité de faire connaître aux élèves l’institution du Nobel, et du Nobel de littérature en particulier : quand a-t-elle été créée ? dans quelle intention ? quels sont les membres du jury ? Comment s’opère la sélection des écrivains ? Au-delà, on peut également engager une réflexion sur la pertinence, ou non, de décerner une récompense littéraire, et sur le rôle que joue un tel prix dans la vie culturelle.
Le prix Nobel est décerné depuis 1901 à des personnes dont les travaux ont « apporté le plus grand bénéfice à l’humanité », dans différents domaines de la connaissance scientifique (chimie, médecine, physique), en littérature, pour la paix, suivant les dernières volontés du chimiste suédois Alfred Nobel, et, depuis 1968, en économie. La fortune que son invention (la dynamite) lui avait rapportée permet, par ses revenus, de financer l’organisation et les prix, qui s’élèvent aujourd’hui à 8 millions d’euros chacun, destinés à apporter au lauréat une aisance financière et une notoriété qui lui permettent de poursuivre son œuvre. Signalons au passage que l’un des motifs invoqués pour désapprouver l’élection de Dylan était que celui-ci ne manquait ni de l’une ni de l’autre…
Le Nobel de littérature est attribué par l’Académie suédoise, à partir d’une liste de nominations qu’elle constitue en consultant d’autres autorités nationales et internationales : sociétés littéraires, associations d’écrivains, universitaires, anciens lauréats du prix. L’Académie désigne cinq de ses membres par cooptation tous les trois ans, formant le Comité Nobel chargé d’opérer une sélection à partir de cette liste, initialement de 350 noms, réduite à 20 puis à 5, dont toutes les étapes requièrent diverses consultations, et l’aval de l’ensemble de l’Académie. Les cinq derniers candidats font l’objet de débats, conclus par un vote à la majorité qui détermine le lauréat.
La discussion au sujet du Nobel de littérature peut d’abord porter sur les principes qui motivent ses choix. Alfred Nobel avait souhaité que soit récompensé chaque année un auteur « ayant fait la preuve d’un puissant idéal », ce qui conduit à considérer, outre la qualité proprement littéraire et esthétique d’une œuvre, outre sa dimension novatrice, les valeurs qu’elle incarne : favorise-t-elle la pacification des relations humaines, tant au niveau national qu’international ? quelle vision de l’homme porte-t-elle ?
La prévalence de tel ou tel critère – esthétique, moral, diplomatique, politique… – peut expliquer au gré des années, des sensibilités du jury et des circonstances historiques, certaines exclusions et certains choix. Mais on notera que ceux qui s’enchantent ou se scandalisent de telle ou telle attribution le font en général au nom de l’un ou l’autre critère, et de l’un au détriment de l’autre. Si par exemple l’élection de Soljenitsyne a pu faire l’unanimité, du moins du côté occidental, parce que nul ne mettait en doute sa valeur littéraire et humaine – l’auteur incarnant la résistance à l’oppression –, celle de Mo Yan en revanche a suscité des contestations : nonobstant la valeur esthétique de ses romans, son silence face aux répressions commises par les autorités chinoises l’en rendrait complice et contredirait l’esprit du Nobel. D’autres nominations au contraire ont été soupçonnées de faire prévaloir le critère politique du moment sur le critère littéraire, comme celle de Harold Pinter en 2005, mise en relation par la presse avec ses prises de position contre la guerre d’Irak. En somme, le Nobel de littérature, parce qu’il tente de concilier une double mission, prête ainsi doublement le flanc à la critique.
Outre cela, les deux critères – nouveauté formelle, universalité de l’idéal – peuvent également entrer en contradiction. Une œuvre esthétiquement novatrice est souvent exigeante et touche ainsi un public restreint. Même si elle promeut un idéal et des valeurs de portée universelle, ses chances d’atteindre un public élargi sont restreintes, malgré la notoriété que lui attire le Nobel. D’où le reproche d’élitisme souvent adressé au jury Nobel. À rebours, une œuvre qui s’est déjà acquise une vaste popularité et véhicule des valeurs partagées par un large public, est a priori soupçonnée de facilité, voire de vulgarité tant dans sa forme que dans son fond. Le jury est alors accusé de courir après la foule, reproche utilisé aujourd’hui.
Enfin, plus généralement, le prix Nobel de littérature tombe sous le coup des attaques communément dirigées contre toute distinction artistique. On les rappellera brièvement : de quelle autorité peuvent se prévaloir ceux qui prétendent légiférer en matière de littérature, a fortiori quand un jury marqué par diverses particularités (nationales, sociales, idéologiques…) statue pour l’ensemble du monde ? n’est-ce pas encourager une vision sociale selon laquelle le monde se partage entre gagnants et perdants ? la course au prix n’engage-t-elle pas, comme effet pervers, les créateurs à formater leurs œuvres en fonction des critères de sélection ? n’est-ce point le seul triomphe d’une logique économique ? qui s’intéresse le plus aux prix décernés, si ce n’est ceux qui s’intéressent le moins à la littérature, ou du moins d’une façon inauthentique ?…
Pistes de travail :
- En 3e, dans le cadre d’un travail d’argumentation : selon vous, est-il important de récompenser des artistes et des écrivains ? (par exemple). On peut s’intéresser aux lauréats des Nobel depuis 1901, ou depuis une période plus restreinte. Le site de Wikipédia propose une recension par dates, et des statistiques par nationalités, langues, sexe… En guidant les élèves, on peut leur demander de trouver à partir de ces recensions des éléments appuyant tel ou tel argument en faveur ou défaveur du Nobel. Il serait sans doute souhaitable d’établir d’abord une liste d’arguments avec les élèves ; leur travail personnel se limiterait à la recherche et l’exploitation d’exemples.
- En 3e : on peut choisir quelques motivations données par le jury du Nobel en faveur de ses choix, et examiner comment s’équilibrent raisons esthétiques et raisons humaines. Nous en donnons quelques-uns ci-dessous, mais tous sont consultables sur le site nobelprize.org : chacun sélectionnera ceux qui conviennent à son propos et à sa classe.
2010 : Mario Vargas Llosa (Pérou) pour « sa cartographie des structures du pouvoir et ses images marquantes de la résistance individuelle, la révolte et la défaite ».
2011 : Tomas Tranströmer, poète suédois, « par des images denses, limpides, il nous donne un nouvel accès au réel « .
2012 : Mo Yan (Chine) parce qu’il « unit avec un réalisme hallucinatoire conte, histoire et monde contemporain ».
2013 : Alice Munro (Canada), « maître de l’art de la nouvelle contemporaine ».
2014 : Patrick Modiano (France), pour « l’art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation ».
2015 : Svetlana Alexievitch (Biélorussie) « pour son œuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque ». Rappelons que l’œuvre de Svetlana Alexievitch se situe à la frontière du reportage journalistique et de la prose romanesque.
2016 : Bob Dylan (USA), « pour avoir créé une nouvelle expression poétique dans le cadre de la grande tradition de la chanson américaine ».
Marie-Hélène Dumaître
1.Tim Parks, « Bob Dylan: The Music Travels, the Poetry Stays Home », The New York Review of Books, 16 octobre 2016. L’article est mis en ligne sur le site de la revue.