1er septembre 2017, jour de prérentrée. Le dialogue s’engage en salle des professeurs entre deux collègues mélomanes.
Par Laurent Müller
Lui : Dis-moi, es-tu au courant de cette histoire de rentrée scolaire en musique ?
Elle : Ah, oui ! J’ai lu ça, sous la double égide des ministres de l’Éducation et de la Culture, communiqué de presse du 27 juin 2017. Les écoles, les collèges, les lycées, grâce à la participation de tous, élèves, professeurs, parents, artistes, chorales, etc. sont invités à accueillir les nouveaux arrivants en musique.
Lui : Effectivement, t’es au courant ! C’est pas un peu n’importe quoi ? Allez, hop, tous en rang et les trompettes d’Aïda ! Ou le chœur des esclaves de Nabucco…
Elle : Tu fais toujours le malin ! Moi, c’est une initiative qui me plaît et j’ai même une petite idée plus amusante que tes sempiternels Verdi.
Lui : Mouais… Pas moi !
Elle : Tu ne te souviens plus du spectacle génial de Laurent Pelly avec Natalie Dessay et Juan Diego Florez, La Fille du régiment de Donizetti ?
Lui : Hein ? Mais c’est une œuvre très « rantanplan » et patriote au possible ! Cela dit, oui, super spectacle !
Elle : Oui, justement ! J’adorerais qu’on puisse tous chanter (et faire chanter) le grand air de Marie quand elle est enfin retrouvée par le régiment à l’acte II, tu sais, son fameux « vingt-et-unième » qu’elle aime tant.
Lui : Allez, vas-y, ça m’amuse !
Elle : Moqueur… J’ai pas la voix, mais : « Salut à la France, à mes beaux jours, à l’espérance, à mes amours ! »
Lui : « à mes amis », pas « à mes amours » ! Et les aigus ? Tu te lances ?
Elle :« Salut à la Fran-ance ! »… On fera ce qu’on peut. C’est entraînant, c’est joli… Et plus marrant que La Marseillaise de toutes façons. Et puis, tu connais mes idées : la culture, l’éducation, la musique, la France, c’est beau, Monsieur !
Lui : Oui, c’est marrant, un Italien qui écrit un hymne à la France en plein opéra-comique…
Elle : D’autant que tu sais que Donizetti était citoyen parisien d’adoption depuis sa première visite à Rossini en 1835, et surtout son installation dans la capitale en 1838. Avec La Fille du régiment, il écrit un véritable tube !
Lui : Ou plutôt une série de tubes… Je reconnais bien là ton goût pour un certain bel canto un peu facile.
Elle : Quel snob ! Et quelle mauvaise foi après tes Verdi « tarte-à-la-crème » !
Lui : Et pourquoi pas Berlioz ?
Elle : « Salut à la France, à mes beaux jours, à l’espérance, à mes… élèves, à mes collègues ! »
Lui : Je te vois très inspirée !
Elle : Je vais encore faire ma savante en te rappelant que La Fille du régiment a été représentée chaque 14 Juillet jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Lui : Cocorico !
Elle : Et puis, l’histoire de Marie, de Tonio, du vingt-et-unième régiment, j’aime bien !
Lui : Et surtout Donizetti !
Elle : Et Rossini, et Bellini… Et Jacques Demy !
Lui : Et pourquoi pas une année scolaire en musique et en chansons ?
Elle : Oui… Qui a dit : « en France tout finit par des chansons » ?
Lui : En l’occurrence, cette fois, on commence !
Si vous aussi vous souhaitez vous entraîner pour la rentrée… suivez le lien : https://youtu.be/IYHCfDNXGmk