Un rituel pour travailler l’orthographe

Pédagogie, Testé en classe - 12 avril 2017 par Adeline Leguy

Voici une activité toute simple à mettre en place : on y travaille plusieurs compétences essentielles pour les collégiens et elle est plébiscitée par les élèves. Ce n’est pas parce que les élèves le demandent qu’il faut le faire, me direz-vous. Peut-être pas, mais quel plaisir de les voir se concentrer et participer à une activité de langue, voire à une réflexion métalinguistique !

L’objectif de cette activité courte est double : travailler l’orthographe et l’oral.

 

Le déroulement

Une phrase est dictée aux élèves, tous l’écrivent. Un élève montre ce qu’il a écrit au tableau et justifie ses choix orthographiques. Quand il a terminé, il donne la parole aux autres élèves qui l’aident à corriger des erreurs oubliées ou à réfléchir à un de ses choix. Puis, il décide que sa phrase est correcte et laisse la parole au professeur. Là, le professeur reprend ce qui a été dit, explique les erreurs qu’il reste… Les élèves recopient la phrase bien orthographiée sous la leur ou se congratulent d’un « bravo ! » dans la marge quand ils n’avaient commis aucune erreur.

 

Les petits plus

  • L’élève qui passera au tableau est choisi avant la dictée (le dernier élève passé tire au sort celui qui passera) : cela permet de préparer à l’avance des phrases de difficultés variées en fonction des élèves. Dès qu’ils ont perçu l’intérêt de l’exercice (après quatre ou cinq passages en général), les élèves, même s’ils savent qu’ils ne passeront pas au tableau, écrivent tous la phrase pour vérifier leur orthographe, participer à la discussion ou évaluer leur niveau sans forcément le dire.
  • Pour projeter le cahier de l’élève au tableau, on utilise une webcam. Ainsi, le travail de l’élève est directement visible : cela gagne du temps et contraint les élèves à présenter un cahier propre.
  • Les phrases choisies peuvent faire référence à un cours vu dans les mois précédents, être extraites d’un texte que l’on étudie ou que l’on retrouvera en évaluation, ou porter sur une des difficultés de l’élève que l’on a repérée auparavant.

 

Quelques exemples de phrases (niveau troisième)

– Elle est partie tôt pour aller le chercher à l’aéroport.

– « Et s’il était à refaire /Je referais ce chemin » (Aragon)

– Dans cette immensité, on n’aperçoit aucun être vivant.

– Il sait jouer au tennis et il s’est classé l’an dernier. C’est une de ses fiertés !

– En excellant dans toutes les matières, il obtient d’excellents résultats.

– Quelque ardus que soient ces exercices, nous vaincrons quoi qu’il arrive !

 

Une échelle descriptive pour évaluer les compétences

Très satisfaisant Suffisant Fragile Insuffisant
Participer de façon constructive à des échanges oraux : exprimer une opinion argumentée et prendre en compte son interlocuteur Explication de ses choix orthographiques en utilisant la terminologie adaptée Explication de ses choix orthographiques en utilisant des astuces Repérage des difficultés orthographiques sans les expliquer Pas de repérages des difficultés orthographiques du texte
Participer de façon constructive à des échanges oraux : interagir avec autrui dans une situation de recherche Prise de parole fréquente et argumentée lors du passage des autres élèves Prise de parole occasionnelle et argumentée lors du passage des autres élèves Prise de parole rare ou peu argumentée lors du passage des autres élèves Pas de prise de parole ou prise de parole volontairement inutile ou perturbatrice
Maîtriser la structure, le sens et l’orthographe des mots : identifier les difficultés, les analyser pour bien orthographier Phrase écrite sans erreurs ou correction de toutes les erreurs après discussion Phrase écrite sans erreur grammaticale ou mise en doute des choix difficiles, même si le choix final n’est pas le bon La phrase finale contient des erreurs qui n’ont pas fait l’objet de discussion Difficulté à voir ses erreurs ; pas de prise en compte raisonnée des remarques des autres élèves

 

Les avantages

  • Si l’activité est menée à chaque heure ou au moins deux à trois fois par semaine, cela signifie que les élèves s’entraînent à la dictée chaque semaine. Il ne s’agit pas ici d’une dictée évaluative, mais bien formatrice puisque l’élève explique sa démarche de recherche à l’oral et que les autres élèves interagissent.
  • Cette activité réduit considérablement l’angoisse ressentie par les élèves face à la dictée. La plupart du temps (29 fois sur 30 !), leur essai reste secret et le droit à l’erreur prend alors toute sa place.
  • Les élèves s’habituent à s’interroger sur leurs choix orthographiques de manière systématique : repérer les verbes, les accords, les homophones…
  • L’activité prend un caractère ludique dès lors qu’on choisit des phrases qui font sourire les élèves, car elles renvoient à la mémoire collective de la classe ou sont drôles à prononcer…

L’inconvénient

Selon l’élève qui passe au tableau, le temps de passage est plus ou moins long. Cependant, ce rituel de début de cours est un gage de mise au travail de tous les élèves pour les activités qui suivent. L’idéal serait de limiter sa durée à cinq minutes, mais il arrive que l’activité dépasse le quart d’heure.

 

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